Né à Versailles le 24 novembre 1712, Charles-Michel Lespée fut ordonné prêtre en 1738 mais frappé quelques années plus tard d’interdit à cause des relations amicales qu’il entrerait avec un janséniste. Il vécut alors une existence partagée entre les études et les œuvres de charité.

Il rencontra un jour deux petites filles jumelles sourdes-muettes, dont l’éducation avait été commencée par le père Vanin. Celui-ci venait de mourir. Leur mère était en plein désarroi. Il lui proposa de le remplacer.

Il ignorait alors ce qui avait déjà été fait dans ce domaine simplement, il observa. Se trouver en présence de deux jumelles fut déterminant pour lui : il se rendit compte que c’était avec des signes qu’elles communiquaient. C’est ainsi qu’avait travaillé le père Vanin mais il y avait là un terrain d’application privilégié.

Et l’abbé de l’Epée se mit à étudier les fameux signes, à les coordonner, à les enrichir... Bientôt, il transforma sa maison de la rue des Moulins en une école ouverte à tous les sourds-muets vite, il eut 60 élèves. Il organisa des exercices publics destinés à faire connaître son travail. Louis XVI lui fit sur sa cassette personnelle une rente viagère, le conseil des ministres affecta aux sourds-muets une partie du couvent des célestins, Joseph II et Catherine de Russie lui envoyèrent des éducateurs à former. Il eut 19 disciples qui fondèrent 17 écoles.

En juillet 1791, son école, transférée dans le couvent des célestins en 1790, fut élevée au rang d’Institution nationale. C’était, en France, la première école gratuite pour les sourds-muets. Un décret de la convention la transféra dans les bâtiments de l’ancien séminaire de Saint-Magloire qu’elle occupe encore aujourd’hui.

L’abbé de l’Epée est fêté avec ferveur chaque année, le 24 novembre. Il n’est pas étonnant, à vrai dire, que son souvenir reste aussi vivace, c’est lui qui, le premier, songea à éduquer la masse des sourds-muets. Les éducateurs qui l’avaient précédé avaient cherché à résoudre un problème technique comment faire parler à un enfant sourd. Lui n’était effrayé que par leur nombre. Seul, il éduqua des enfants sans les sélectionner et également sans promesse aucune d’un avancement professionnel ou d’une récompense quelconque.

La statue de l’abbé de l’Epée qui se trouve dans la cour d’honneur de l’Institut national de jeunes sourds de Paris est l’œuvre d’un sculpteur sourd, Félix Martin (ancien élève de cette même école).

Ses deux premières élèves sont des sœurs jumelles dont le précepteur, le père Vanin, vient de décéder en 1759. L’abbé de l’Epée propose de poursuivre leur éducation.

Une leçon de l’abbé de l’Epée

L’abbé de l’Epée instruisant ses élèves en présence de Louis XVI

Les derniers moments de l’abbé de l’Epée.

Statue en bronze de l’abbé de l’Epée, œuvre de Charles Marie Félix Martin (1846-1916), sculpteur sourd-muet, située dans la cour d’honneur de l’Institut national de jeunes sourds de Paris.

L’abbé de l’épée
le bienfaiteur des sourds
« Je ne fais d’exclusion pour personne, ma vie appartient à tous les sourds-muets, de quelque classe, de quelque pays qu’ils soient. Que les enfants des riches viennent chez moi, je les recevrai par tolérance, mais c’est pour les malheureux que j’enseigne, sans eux, je n’aurais jamais entrepris d’ouvrir une école pour instruire les sourds-muets. »
HISTORIQUE

Première école des sourds-muets ouverte en 1760, rue des Moulins, à Paris, démolie en 1876.